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Bergoug et Kassongo au tapis, mais beaux succès de Kinigamazi et Kongolo

Quel meeting ! Une salle comble, 280 repas servis aux tables, un spectacle de grande qualité, des émotions, du suspense et des ko, aussi ! Les organisateurs du Club pugilistique de Carouge et le public de la salle des Fêtes se souviendront longtemps de cette soirée de gala 2014 que Patrick Kinigamazi a magnifiquement marquée de son empreinte et qui a lancé, en boxe anglaise, la carrière de Yoann Kongolo, champion d’Europe de kick boxing. Mais ils n’oublieront pas non plus que Lyes Bergoug et Cédric Kassongo ont été frappés par la foudre et ont tous deux laissé leurs illusions sur le tapis du ring !

Une soirée qui nous a fait passer par tous les états d’âme, avec tout d’abord la victoire du welter Stefano Ciriolo. Le néo-professionnel genevois (28 ans) disputait son deuxième combat et a dévoilé contre le Bulgare Chukaleiski, plus grand que lui et courageux, un beau style et de belles qualités techniques. Il a fait étalage de toutes les combinaisons de la boxe, travaillant aussi bien au corps qu’au visage et seul son manque de punch l’a empéché de s’imposer avant la limite.

En revanche, c’est la foudre qui a frappé Lyes Bergoug au 1er round déjà ! Le super-moyen algérien (29 ans, 7 combats, 7 succès) revenait à la compétion après cinq ans d’inactivité et quatre mois d’un dur entraînement qui lui a fait perdre vingt kilos ! Son erreur aura été de ne pas avoir pris le temps d’étudier son adversaire espagnol, beaucoup plus lourd, et de se lancer d’entrée à l’assaut en misant sur sa seule puissance de frappe. Acculé dans un coin après avoir encaissé un dur crochet au visage, Gonzalez Palenzuela donnait, certes, l’impression d’être déjà en grande difficulté, mais il réussissait à son tour un magistral crochet du gauche en contre qui étalait au sol le revenant du CP Carouge, trop sûr de lui. Visiblement très sonné et mal remis de ce knock down, Bergoug encaissait de nouveau un très dur crochet du gauche qui l’envoyait cette fois au tapis pour le compte après à peine deux minutes de combat ! Une défaite douloureuse, sur une erreur de débutant, dont il aura du mal à se remettre car son orgueil en a aussi pris un méchant coup.

Après quelques éclairs qui ont confirmé une nouvelle fois les très belles qualités de Cédric Kassongo (27 ans), la foudre, encore, s’est abattue sur le talentueux Genevois, mis hors de combat au 4ème round par le jeune et prometteur Français Morgan N’Dong Zué (21 ans), vainqueur notamment du Critérium des espoirs. Soumis à des attaques très appuyées, en punches larges et ravageurs, lâché par sa condition physique et touché par un violent coup au plexus, Kassongo était stoppé net et compté « huit » par l’arbitre. Mais il était mal en point, ne parvenait pas à récupérer et Fabien Guggenheim l’arrêtait justement. Une décision qui jettait un froid car jusqu’alors Kassongo faisait très bonne impression et le combat tenait toutes ses promesses.

Un match magnifique et équilibré, mené à un rythme élevé par deux talents du ring s’affrontant dans des échanges à mi-distance et répliquant à tour de rôle. Au 3ème round, N’Dong Zué, touché à l’arcade sourcilière droite, se montrait plus agressif et Kassongo, devant un public comblé, révélait tout son sens de l’esquive. Le Genevois était aussi ouvert au coin de l’œil droit. On assistait aux premiers corps à corps et le Montferrandais, secoué par une magnifique droite, reculait pour la première fois en fin de round. Mais à la reprise suivante, c’est lui qui prenait l’initiative et Cédric, malgré ses esquives rotatives du plus bel effet, subissait la pression et les frappes de N’Dong Zué qui allait obtenir une dixième victoire très convaincante (en douze combats).

A son tour Patrick Kinigamazi donnait des sueurs froides à ses supporters en subissant un knock down au 1er round déjà face à l’Espagnol King Daluz ! Un violent crochet en contre qui l’envoyait sur les fesses avant de le mettre en difficulté sur le forcing de son adversaire qui multipliait les frappes pour tenter d’écourter l’affrontement. Mais, au bénéfice d’une formidable condition physique et d’un mental très solide, le champion de Suisse des légers allait parvenir à refaire son retard et même à renverser la situation au fil des rounds. Au prix d’une magnifique performance, il signait à l’unanimité une 22ème victoire qui lui valait l’ovation du public carougeois, debout. Mais surtout il ramenait le sourire dans le camp du CPC.

Assurément, Kinigamazi (31 ans) a livré l’un des meilleurs combats de sa carrière devant un très bon adversaire, (9 succès, 2 nuls, 1 défaite), complet, mobile et bénéficiant d’une allonge très supérieure. Après son couac du début, il est progressivement revenu dans le match dès la troisième reprise, frappant surtout en larges crochets et mettant une pression constante sur King Daluz. Bousculé, l’Espagnol s’est révélé dangereux sur ses réactions en contre mais le rythme infernal imposé au cinquième round par le Genevois a fini par saper sa résistance. Jusqu’à la fin Kinigamazi s’est montré intraitable, inarrêtable, avançant comme un rouleur compresseur et frappant sous tous les angles. Débordé, King Daluz a bien tenté d’allonger sa gauche, d’imposer les accrochages pour contenir un Patrick déchaîné. Mais rien n’y a fait et c’est à l’unanimité (77-74, 78-73, 78-73) que celui-ci a enlevé la décision, remettant sa carrière sur de bons rails dans l’attente d’une opportunité pour disputer un titre international.

Enfin, débuts professionnels réussis pour Yoann Kongolo (26 ans), Mister TNT, face à l’excellent Camerounais Thomas N’Gassam (20 ans), très athlétique et plus grand que le Lausannois. Celui-ci s’est imposé aux points (39-37, 38-38, 39-37) au terme d’un très beau combat et d’un dur affrontement. Sa puissance de frappe a fait la différence sur la fin mais l’opposition et la résistance du jeune N’Gassam méritent un coup de chapeau.

Résultats, Professionnels.

Welters (4×3) : Stefano Ciriolo (Ring Star Vernier, 68,0 kg) bat Aleksandar Chukaleiski (66,900 kg, Bulgarie) aux points (3-0). – Super-moyens (6×3) : Roberto Alexis Gonzalez Palenzuela (75 kg, Espagne) bat Lyes Bergoug (72,200 kg, Algérie/CP Carouge) ko 1er. – Super-légers (6×3) : Morgan N’Dong Zué (64,0 kg, France) bat Cédric Kassongo (64,100, CP Carouge) koT 4ème. – Légers (8×3) : Patrick Kinigamazi (60,500 kg, CP Carouge) bat Juan Carlos Lopez Sebastian, dit King Daluz (61,400 kg, Espagne) aux points (3-0). – Mi-lourds (4×3) : Yoann Kongolo (80,500 kg, CP Carouge) bat Thomas N’Gassam (Caméroun/Fra) aux points (2-1).

Bertrand Duboux

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