Select Page

Khalid Graidia en pleine action face au Serbe Dragisic/18.11.21 (copyright Stéphane Chollet)

***

A la fois manager, promoteur et organisateur dans cette région du nord-ouest de la Suisse où les talents ne manquent pas, Gregor Stadelmann se bat comme un beau diable depuis plusieurs années pour faire vivre la boxe dont il a la passion. Malgré les difficultés à trouver des sponsors et à boucler ses budgets, il se démène sans relâche pour offrir de l’activité aux professionnels, et certains peuvent lui dire un grand merci ! Son mérite est d’être ouvert et à l’écoute, mais encore faut-il trouver à convaincre des investisseurs alors que la Suisse pugilistique n’a pas retrouvé un grand leader, unanimement reconnu et apprécié d’un bout à l’autre du pays, comme le furent jadis Fritz Chervet et Enrico Scacchia.

Certes, il existe actuellement en Suisse de bons professionnels, chacun avec une belle carte de visite, des qualités évidentes et du tempérament. De Andranyk Hakobyan (Baden, 16-1-2) à Zino Meuli (Horn/TG, 14-1-0) ; des Bâlois Faton Vukshinaj (13-0-2) et Behar Sadiku (5-0-0) au jeune Zurichois Ramadan Hiseni (14-0-0), en passant par l’Argovien Stefan Rumpold (5-0-0) et le Bernois d’origine arménienne Vahram Khudeda (10-0-0). Tous professionnels depuis plusieurs saisons et avec un bilan très favorable, mais sans véritablement pouvoir faire décoller leur carrière aux yeux du grand public, faute d’un grand combat contre un adversaire étranger réputé. Le hic, c’est que ces affrontements coûtent cher et découragent les organisateurs potentiels qui font de plus en plus appel aux managers et à l’entourage des boxeurs pour financer les combats. Un constat qui témoigne de la grande difficulté à vouloir miser sur le ring, et à gagner sa vie avec la boxe en Suisse.

Le 4 mars à Uster, Ramadan Hiseni (25 ans) passera toutefois un premier test redoutable face à l’Espagnol Jorge Vallejo (11-7-1). Invaincu en 14 combats, le jeune Zurichois d’origine kosovare est sans doute le professionnel le plus prometteur de la nouvelle génération, mais son titre flatteur de « champion du monde WBC Jeunesse des poids moyens » ne pèsera pas lourd face à l’expérience et à la résistance du vétéran de Logrono (35 ans). En revanche, un succès de sa part renforcerait sa crédibilité et le désignerait au public comme l’espoir suisse du moment.

C’est le même scénario que Gregor Stadelmann propose à l’invaincu Vahram Khudeda (30 ans) un mois plus tard à Brugg (Argovie), face à un autre vétéran, le franco-genevois Khalid Graidia (39 ans). Et cela dans le cadre d’une grande réunion qui prévoit six combats professionnels. Seront notamment à l’œuvre le poids lourds Stefan Rumpold (32 ans) face au Bosniaque Milos Budinic (1-0-0), le lourd-léger valaisan Benoît Huber (35 ans, 7-2-0), battu en octobre dernier, à Londres (ko technique 3ème), et de retour face au Tchèque Lukas Fajk (2-0-0), ainsi que le super-léger carougeois Bryan Fanga (27 ans, 2-1-0) qui doit effacer lui aussi face à un autre Tchèque, Jakub Kasl (2-0-0), son échec de novembre dernier face à l’Italien El Badaouy.

Pour Graidia, qui a connu des hauts et des bas et trop souvent pénalisé par sa condition physique en raison de son intense activité de plombier sur les chantiers genevois, il s’agit d’un match défi inattendu et inespéré. Une ultime occasion de prouver, au crépuscule de sa carrière, qu’il vaut bien mieux que son palmarès (7-9-3). Son entraîneur Giorgio Costantino le prépare intensément depuis plusieurs semaines et il n’a jamais été dans un tel état de forme. Très motivé, le solide super-moyen carougeois nourrit d’ailleurs le rêve de parvenir à mettre fin à l’invincibilité de Khudeda, ce qui ne manquerait pas de créer le buzz outre-Sarine, et de ruiner certaines réputations un peu trop facilement établies.

Une place bienvenue dans le programme de la soirée est également faite à la Lausannoise Anaïs Kistler (33 ans), qui disputera son deuxième match professionnel sous les couleurs du CP Carouge après son succès sur la Serbe Marovic en juin 2021. Son adversaire devrait venir de Turquie. Il n’est pas exclu que le programme puisse subir quelques modifications en cours de route.

Bertrand Duboux/28.2.2022

Share This